Deido : Un hôpital de district qui se modernise
Avec un taux de fréquentation en constante augmentation, l’hôpital de district de Deido répond à un besoin croissant de soins de santé.
Cette structure hospitalière met l’accent sur la qualité des soins, l’accueil des patients et la formation du personnel.
Le Professeur Eloumou, le Directeur, a pour ambition d’en faire un établissement de référence à Douala. Il nous explique dans une interview, comment il compte atteindre ces objectifs.
Pr Servais Eloumou, c’est le directeur de l’hôpital de District de Deido, dans l’arrondissement de Douala 1er. Installé depuis le 15 février 2024, il s’est engagé dans la modernisation avec pour objectif de faire de cette formation sanitaire, une référence. Tout est un projet est pensé qui intègre l’accueil des patients, la prise en charge, l’amélioration des compétences des soignants et surtout la qualité des soins. Professeur agrégé d’Hépatho-Gastro-Entérologie, il n’a cessé de se soumettre aux exigences d’une profession qu’il a tant aimée. Pour lui, il faut mettre le matériel de qualité à la disposition des soignants pour pouvoir diagnostiquer les maladies. Nous l’avons rencontré pour qu’il nous explique le Projet d’établissement hospitalier conçu par lui-même et qui va s’étaler sur 5 ans c’est-à-dire entre 2024 et 2028.
Professeur, quelles sont les compétences aujourd’hui en termes de prise en charge de l’hôpital district de Deido?
La prise en charge réunit plusieurs choses. L’hôpital district de Deido, c’est un hôpital de quatrième catégorie, qui est situé dans l’arrondissement de Douala 1er.
Donc c’est l’hôpital de référence de la ville de Douala 1er. Qui dit hôpital de référence, dit que nous nous occupons essentiellement d’abord des malades de cet arrondissement et éventuellement ceux qui viennent d’ailleurs. L’hôpital district de Deido, c’est 14 bâtiments avec environ personnels, parmi lesquels près de 190 fonctionnaires avec le matricule, les agents décisionnaires et les contractuels.
Et nous avons environ 90 personnels d’appui, voire une centaine. Là-dedans, nous avons le personnel communautaire, nous avons les stagiaires de perfectionnement, qui, par manque d’effectifs sont restés et qui nous apportent un appui très considérable. Donc voilà pour ce qui est du décor planté en termes de capacité de soins de nos patients.
Donc parmi ce personnel, nous avons des médecins, des médecins spécialistes. Nous avons environ 23 médecins spécialistes, vacataires et titulaires confondus, avec des spécialités diverses qui vont du médecin infectiologue jusqu’au chirurgien, urologue, en passant par les hépato- gastro-entérologues que je suis. Nous avons aussi des médecins généralistes, des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes.
Par ailleurs, nous avons une grosse équipe de personnel médico-sanitaire. Ça va de l’ingénieur de laboratoire jusqu’à l’aide-soignant, en passant par l’infirmier diplômé d’état principal, l’infirmier supérieur et le simple infirmier diplômé d’état. Il y a aussi la prise en charge de la mère, où il y a des femmes qui sont très expérimentées.
Voilà globalement l’ossature que nous avons à l’hôpital de District de Deido pour la prise en charge. Nous avons environ une centaine de lits mais 93 sont actuellement opérationnels.
Et nous avons une multitude de services, des services de direction administrative. Nous avons les services hospitaliers qui sont très nombreux. Et puis nous avons des services d’appui technique.
Quel est le taux de consultations que l’on observe à l’hôpital de Deido aujourd’hui ?
Lors de notre prise de service en février 2024, plus précisément le 15 février, le taux de fréquentation mensuel était d’environ 2500 maximum à 3000 malades. Force est de constater qu’en décembre 2024, nous en sommes presque au double.
Nous sommes à plus de 5000 malades que nous recevons tous les mois. Donc, il y a la fréquentation qui augmente de façon exponentielle. Et ça nous fait peur.
Pourquoi ?
Parce que nous nous disons, comment est-ce qu’on va gérer ces malades qui nous font de plus en plus confiance…
Qu’est-ce qu’explique cette augmentation, ce taux d’augmentation ?
Ce qui explique ce taux d’augmentation, c’est que lorsque nous avons pris nos fonctions, nous avons élaboré un document qui s’intitule « Projet d’établissement hospitalier 2024-2028 », un projet d’établissement hospitalier sur 5 ans, qui se décline en trois grands piliers : le projet managérial, le projet médical et le projet soignant. Ces trois grands projets vont s’appuyer sur 13 axes, lesquels vont se subdiviser environ à 236 actions. Nous avons élaboré ce document et nous sommes en train d’implémenter ce que nous avons pensé comme étant un projet d’établissement hospitalier. Nous avons mis en avant la démarche qualité qui va de l’accueil du malade jusqu’à l’administration des soins en passant par l’hygiène, parce que l’hygiène hospitalière est très importante. Donc voilà un peu les premières actions que nous avons menées et nous pensons que ce sont ces actions-là qui permettent ou qui ont permis jusque-là à ce que les malades nous fassent confiance et que de bouche à oreille, ceux qui sont reçus vont probablement dire aux autres qu’ils ont été bien reçus et que les soins qui leur ont été administrés. Même si nous pensons que nous sommes encore loin des objectifs que nous nous sommes fixés, mais nous avons considérablement évolué de notre point de vue au vu du nombre de malades qui a augmenté.
Professeur dans les projections, Comment vous voyez l’hôpital du district de santé de Deido dans 5 ans ?
Je vais vous répondre qu’il faut repartir voir le document que nous avons élaboré, le parcourir.
Et là vous aurez, vous, votre idée de ce que nous pensons, de comment nous avons pensé voir l’hôpital du district de Deido dans 5 ans. Mais je ne vais pas m’arrêter là, parce que je ne vais pas vous envoyer dans un document qui a plus de 500 pages, je vais juste vous dire qu’avec la modernisation que nous avons entamée en termes d’infrastructures, nous sommes en train de réhabiliter certains bâtiments. En termes d’équipement, nous avons équipé jusque-là le service d’ORL, nous avons équipé le service d’ophtalmologie avec du matériel de dernier cri, nous avons même une lunetterie qui propose des lunettes très moins chères aux patients, rendant ainsi les soins humanisés tels que le prescrit le ministre, le Docteur Manaouda Malachi. Dans tout ceci, nous voulons que le soigné ait les soins de qualité, mais pour que le soigné ait les soins de qualité, il faut que le soignant soit à l’aise dans son exercice.
Je vous ai cité le service d’ORL, le service d’ophtalmologie, il y a le laboratoire qui a bénéficié de nouveaux équipements, il y a le bloc opératoire qui a bénéficié de nouveaux équipements, nous avons réaménagé les chambres Haut standing, de façon générale les chambres, mais plus particulièrement les chambres Haut standing, et nous avons réhabilité complètement le service de médecine interne, que les malades appelaient avant le Kosovo, aujourd’hui c’est un service dans lequel les malades vont sans toutefois trainer les pieds comme ils le faisaient avant, parce qu’avant les urgences étaient très bondées, parce que les malades ne voulaient pas aller dans le service de médecine lorsqu’ils étaient hospitalisés. Donc nous voulons voir un hôpital du district de Deido dans cinq ans, un hôpital moderne, bien équipé, pouvant respecter les quatre programmes de santé du ministère à savoir : la prévention de la maladie, la promotion de la santé, la gouvernance et l’appui institutionnel, qui, peut-être n’est pas trop notre fonction, et la prise en charge des cas. Donc nous voulons que l’hôpital du District de Deido soit dans cinq ans, un hôpital de référence de Douala 1er, dans lequel on peut avoir des prestations à moindres coûts, des prestations de très bonne qualité et de haut niveau.
Quels sont les précautions d’usage que vous avez mises pour que quand on arrive à l’hôpital du district de Deido en étant malade, qu’on en ressort complètement guéri ? je veux parler du cadre d’accueil..
Dans le projet d’établissement hospitalier, nous avons mis en avant la démarche qualité. Et dans la démarche qualité, l’accueil est un point essentiel.
Nous avons prescrit à toutes nos équipes, depuis l’entrée, le service d’accueil et d’orientation, les médecins, les infirmiers, nous leur avons prescrit l’empathie. Parce que lorsque vous recevez un malade, il est diminué. Et si vous n’avez pas de l’empathie, d’abord pour lui, vous aurez échoué dans votre mission.
Ici, où on appelle tout le monde par son nom, on essaye de donner une tape dans le dos, on essaye de donner un discours réconfortant, que ce soit aux malades ou aux collègues. Donc c’est cette humeur-là que nous voulons, qu’elle soit générale à l’hôpital de District de Deido, pour que le malade ne se sente plus malade, et qu’il soit guéri dès qu’il a franchi le portail.
Il se dit, professeur, que vous vous êtes investi dans le nouvel hôpital, qui intègre tous ce que vous avez dit plus haut …
Oui, effectivement. Je me réfère toujours aux documents sur le projet d’établissement hospitalier. Nous nous projetons dans le futur. Nous nous disons qu’il faut faire la médecine différemment, que la médecine de 1960, ou d’avant 1960, ne doit plus être celle de 2030, parce que nous nous projetons déjà en 2030, que ça puisse être différent, que la médecine soit beaucoup plus moderne, et que le malade ne soit plus celui-là, qu’on voit souffrir dans les couloirs de nos formations sanitaires, que le malade, même s’il souffre du fait de sa maladie, qu’on voit toujours un visage qui rayonne, parce que le personnel soignant l’entoure, et qu’il fait preuve de beaucoup d’empathie.
Est-ce que vous avez mis les mécanismes de suivi pour que la politique de la prise en charge des malades soit effectivement celle que vous pensez ?
Oui, nous avons mis en place une politique de surveillance, mais sans toutefois être coercitif. Nous nous disons que les adultes doivent être gérés d’une certaine façon et puis on ne force pas une vision, on demande aux collaborateurs et aux collègues d’adhérer à une vision. Lorsque l’équipe y adhère, c’est beaucoup plus facile d’atteindre les objectifs, mais lorsque l’équipe se sent un peu forcée de la suivre, vous avez beaucoup de mal.
C’est pour ça qu’il est important et intéressant de faire adhérer le personnel, et surtout de leur tenir un discours afin qu’ils s’approprient l’hôpital, que tous ceux qui travaillent à l’hôpital se disent que c’est notre hôpital, que de penser que c’est l’hôpital du Directeur, mais qu’ils se disent que c’est notre hôpital, donc ce que nous faisons, nous le faisons parce que nous avons la volonté de le faire. Et là, en ce moment, les mécanismes de surveillance ne seront plus très poussés, parce que tout le monde saura ce qu’il a à faire comme travail, et le fera très bien.
Comment est-ce qu’on peut qualifier ce genre de management ?
Participatif…Parce que chacun doit savoir qu’il est un maillon essentiel dans la chaîne. Personne ne doit se sentir inclus, tout le monde doit se sentir intéressé par la chose, chacun doit savoir qu’il est important sur tout ce qui se passe à l’hôpital. Et en ce moment, personne ne pensera que s’il n’est pas là, ça peut continuer à marcher.
Il doit savoir que s’il n’est pas là, l’engrenage peut s’arrêter parce qu’il est un maillon important de la chaîne.
Est-ce que vous avez pensé aux cas sociaux ? Parce que c’est le problème qu’on rencontre dans toutes les formations sanitaires, des gens qui viennent, qui sont malades et qui n’ont pas de moyens pour se soigner. Comment vous gérez ces cas ?
Merci de me poser cette question. D’abord, lorsque certaines personnes cherchent à me rencontrer parce qu’elles ont un problème de prise en charge, je leur dis toujours que l’hôpital de Deido est un hôpital public. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que ce sont les impôts des Camerounais qui permettent que cet hôpital fonctionne. Je m’explique.
Ceux qui sont affectés ici sont payés par l’État. Ceux qui sont affectés ici ont été formés par l’État. Ce qui veut dire que, d’une façon ou d’une autre, c’est l’hôpital de l’État.
Je vais vous prendre un exemple. C’est le ministère de la Santé qui paye le courant à l’hôpital de Deido. C’est le ministère de la Santé qui paye l’eau.
Donc, si on part de ce principe que c’est l’hôpital de l’État, c’est normal qu’il y ait une prise en charge des indigènes. Vous allez faire le tour. Vous n’allez jamais voir un malade à l’hôpital de District de Deido qu’on a retenu parce qu’il n’a pas payé sa facture.
Nous avons l’assistante sociale qui, tous les mois, nous fait le point sur les gratuités, sur les réductions, etc. Nous avons en moyenne 3,5 millions Fcfa que nous laissons tous les mois pour la prise en charge des indigènes. Ce n’est pas un préfinancement.
Professeur, quand vous dormez la nuit, vous pensez à quoi ?
Déjà, je vais vous dire que j’ai toujours voulu faire la médecine. En classe de quatrième, on m’avait opéré d’une appendicite et c’était un jeune médecin qui m’avait opéré. Il avait brillamment fait son diagnostic et il m’a opéré. Et depuis ce jour, j’ai dit, je veux faire la médecine. Et je peux remercier Dieu qu’il a bien voulu exaucer mon vœu. Aujourd’hui, je suis professeur de médecine. J’enseigne la médecine aux étudiants.
J’en suis fier. Je ne fais pas la médecine parce que je cherche forcément de l’argent, mais parce que c’est un plaisir. Jusqu’aujourd’hui, j’ai encore au moins trois jours de consultation par semaine.
Donc, vous pouvez vous imaginer qu’au-delà de mes fonctions administratives, je continue à consulter les malades. Et c’est un plaisir. Donc, quand je dors la nuit, pour répondre à votre question, je pense aux malades.
Et qu’est-ce que vous vous dites ? Que vous devez sauver des vies ou bien ?
Je ne suis plus au niveau de sauver les vies. Maintenant, je suis au niveau de former pour que la relève soit bonne. Vous allez peut-être vous demander comment j’ai pu faire. J’ai pu encadrer quelqu’un que j’ai pris depuis étudiant et qui a passé le dernier concours d’agrégation.
Donc, vous pouvez imaginer la fierté qui est la mienne. Parce qu’aujourd’hui, comme je disais au professeur Bekolo, que je salue ici et que je félicite, aujourd’hui, je peux prendre ma retraite parce que je ne sais plus ce que j’ai à faire dans mon parcours.
Puisque vous êtes enseignant. Comment est-ce que vous gérez les formations à l’interne pour améliorer les performances des soignants ?
Je vous ai dit tout à l’heure que nous avions mis en avant la démarche qualité. Donc, nous avons un expert en démarche qualité qui est enseignant à l’IUT et qui fait des formations depuis que nous sommes là. Lors de la dernière réunion de coordination, j’ai demandé à mes collaborateurs de dresser la liste des formations continues pendant toute l’année 2025, concernant le personnel soignant, le personnel d’appui et le personnel administratif. Pour chaque spécialité, si je peux le dire ainsi, pour chaque rubrique, il y a des formations bien précises.
Je vous prends juste l’exemple pour ce qui est du personnel infirmier. Il y a des formations qui vont commencer, je crois, dans deux semaines concernant le personnel infirmier en matière d’administration de soins parce que, vous savez, plus longtemps on reste sur le terrain, quelquefois, on a l’impression que des pratiques d’il y a 10 ans, 15 ans, ce sont toujours les mêmes pratiques. Donc, il faut être en formation continue pour pouvoir se remettre à niveau.
Et cette formation continue peut se faire à l’hôpital, ce qui est organisé par l’hôpital. Elle peut se faire en externe, donc elles sont organisées soit par le ministère ou bien une autre entité.
On envoie des gens se former qui vont revenir former les autres ou bien elle peut se faire sous forme de congrès, de séminaires et autres.
Et vous envisagez avoir une bibliothèque ici ?
C’est un peu compliqué. Parce qu’on manque d’espace. L’hôpital, vous l’avez constaté, est très, exiguë. Nous sommes sur environ 4 600 m2 de surface, donc nous sommes déjà à l’étroit. Peut-être dans un avenir, je ne vais pas dire proche, dans un avenir lointain, nous envisagerons de mettre en place une bibliothèque. Lorsque nous aurons fini la modernisation, c’est-à-dire la réhabilitation de l’existant, en ce moment, nous pourrons nous projeter sur la possibilité de nous étendre, peut-être de construire en hauteur.
A ce moment, peut-être, on envisagera de mettre une bibliothèque à l’hôpital.
On a vu le matériel médical de pointe. Est-ce-à-dire que vous envisagez prendre en charge des cas de maladies rares, comme on appelle vulgairement ?
Je vais vous dire qu’il n’existe pas de maladies rares. On avait un maître qui nous a toujours dit que, en médecine, on trouve ce qu’on cherche. Donc, ce qu’on appelle les maladies rares, c’est parce qu’on ne les a pas souvent cherchées ou bien peut-être parce qu’on n’avait pas les outils pour les diagnostiquer, Aujourd’hui, nous avons des outils pour pouvoir diagnostiquer certaines maladies, vous avez vu, par exemple, en ophtalmologie, on a le champ visuel qui peut faire le diagnostic du glaucome. Peut-être qu’avant, on n’avait pas cet outil-là et on pensait que le glaucome n’existait pas chez nous.
Donc, vous avez vu, en ORL, on a l’auto-émission acoustique qui fait le diagnostic de la surdité chez les nouveau-nés. Vous comprenez que la médecine évolue et que lorsqu’on a des outils pour pouvoir faire un certain type de diagnostic, on finit toujours par retrouver certaines maladies. Donc, le problème n’est pas de faire le diagnostic des maladies rares, mais c’est de faire des diagnostics. On a deux ORL affectées ici. On peut faire des soins de qualité même si on ne fait pas des chirurgies, on peut faire le diagnostic et puis référer dans les hôpitaux de deuxième catégorie, comme l’hôpital Laquintinie ou alors de première catégorie, comme l’Hôpital Général ou encore l’Hôpital Gynéco obstétrique de Yassa. Nous avons deux ophtalmologues. L’État ne va pas nous envoyer deux spécialistes de haut vol comme ça pour ne pas les utiliser. Donc, il faut mettre le minimum de matériel à leur disposition pour pouvoir diagnostiquer les maladies. Je vais vous dire autre chose, c’est que nous sommes un hôpital de District, cela veut dire que les soins ou les actes que nous pouvons procurer à des malades, ont un certain coût, ce n’est pas la même chose qu’un hôpital de deuxième voire de première catégorie. Si à notre niveau, nous faisons le diagnostic et que la prise en charge se fait dans les hôpitaux de catégorie plus élevée que nous, je pense qu’on sera déjà fier de tout ça.
En termes de projets, qu’est-ce qui vous tient le plus à cœur en ce moment ?
Nous avons deux projets phares. Un qui va se réaliser dans les prochains jours, peut-être, je vais dire, dans un ou deux mois. C’est le projet du scanner.
Parce que nous avons constaté que nous avions, je vous ai dit tout à l’heure, qu’on a une moyenne de 5000 malades par mois. Et si vous avez 5000 malades par mois, vous avez des malades hospitalisés, vous avez des spécialistes qui demandent un examen, il est de bon ton de bien réfléchir pour voir si vous pouvez acquérir l’appareil qui fait cet examen. Parce que nous avons souvent eu des patients qui ont des AVC qu’on met dans l’ambulance pour aller faire le scanner et revenir.
Et souvent, ce sont des malades qui, lors du transport, se dégradent. Et si on a un scanner sur place qui est fait à un cout de l’hôpital de district, est-ce que ça ne réglera pas le problème ? Donc ça, c’est notre premier gros chantier. Notre deuxième gros chantier, c’est la transformation d’un bâtiment en bâtiment mère et enfant.
C’est-à-dire faire quoi ?
Prendre en charge la mère et l’enfant. Je m’explique, dans ce bâtiment, nous avons déjà les plans, il nous faut juste le financement. Dans ce bâtiment, nous aurons le bloc opératoire qui pourra s’occuper de la mère, la salle d’accouchement, l’hospitalisation des mamans qui ont accouché ou des mamans qui sont enceintes et qui doivent être prises en charge.
Et au fond, nous aurons la néonatalogie. De façon que, sur tout le bâtiment, qu’on ne soit plus obligé de sortir avec l’enfant pour l’amener plus loin en néonatalogie ou bien sortir avec la mère qui a été opérée pour l’amener plus loin en hospitalisation. Du moins que tout se fasse sur place. Voilà nos deux projets phares pour 2025. Si ces projets se réalisent, nous ne disons pas que nous aurons réalisé tous nos objectifs. Je vous ai dit, nous avons le projet d’établissement hospitalier 2024-2028, mais nous aurons quand même fait quelque chose d’exceptionnel.
Il se dit dans les couloirs de l’hôpital que vous vous mettez à fond pour éviter les mortalités maternelles…
Oui, effectivement, nous faisons tout ce qui est à notre pouvoir pour éviter les mortalités maternelles et infantiles. C’est pour ça que nous avons, en collaboration avec l’hôpital Gynéco-Obstétrique de Yassa, mis en place une banque de sang.
Parce que nous savons que généralement, les mamans décèdent soit par une hémorragie post-partum, c’est-à-dire après l’accouchement, ou bien lors d’une hémorragie après une césarienne. Et souvent, les enfants aussi décèdent d’une anémie sévère, soit à la suite d’un paludisme grave ou par rapport à une hémorragie liée peut-être à une infection ou à autre chose. Donc, nous mettons assez de moyens.
Nous avons un comité d’audit de décès materno-fœtal pendant lequel nous insistons sur la réduction de la mortalité materno-fœtale et nous insistons pour qu’il y ait zéro mama qui décède ou zéro enfant qui décède.
Entretien mené par Alphonse Jènè