Pratique de l’éthique et la déontologie en milieu hospitalier : Le directeur de l’hôpital central de Yaoundé diagnostique son personnel

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Le Pr. Fouda Pierre Joseph, en collaboration avec le Pr. Ongolo Zogo Pierre et le Dr. Basile Ngono, a organisé un café éthique à l’hôpital central de Yaoundé. Cet événement a permis de réunir les professionnels de santé autour de questions essentielles liées à l’éthique médicale. « Former les professionnels soignants en éthique et déontologie : pourquoi et comment », tel est le thème qui a meublé les débats au cours de ce rendez-vous de santé.

 

La vente illicite de médicaments par des professionnels de santé est un problème de santé publique complexe qui porte atteinte à la confiance patient-médecin et met en danger la vie des personnes. Le maintien d’un patient à l’hôpital au-delà de la durée nécessaire à sa prise en charge. Ces pratiques sont contraires aux principes éthiques qui régissent la profession médicale. Elle n’est pas éthique. « L’éthique, pas la peine de l’enseigner, tout le monde sait faire, à l’instar de M. Jourdain qui sait faire de la prose », écrit-le Pr Ongolo Zogo Pierre  et AL. Il faut noter que les progrès technologiques remettent en question la dimension humaine des soins. Les plaintes de déshumanisation des soins, l’adoption récente d’un nouveau code éthique pour la pratique médicale par l’association médicale mondiale, l’adoption du Cameroun en 2022 d’une loi relative à l’éthique sur la médecine et la procréation médicale assistée qui comporte en leur sein des éléments qui méritent un effort de réflexion, a ajouté le conseiller médical de l’hôpital central de Yaoundé.

Selon le pédagogue, la place de la réflexion éthique est de plus en plus importante dans ce domaine de la santé où les valeurs culturelles les plus motivantes ne sont plus seulement comprises au sens subjectif, mais encore plus pour justifier de manière rationnelle les actions. Dans le cadre de l’humanisation des soins à l’hôpital central de Yaoundé, son directeur, le Pr. Fouda Pierre Joseph, a présidé, en présence du conseiller médical, le Pr. Ongolo Zogo Pierre et du Dr. Ngono Basile, titulaire de la chaire d’éthique et de philosophie du soin, le café éthique sur le thème : « Former les professionnels soignants en éthique et déontologie : pourquoi et comment », ce 24 juillet 2024, au Centre pour le développement des bonnes pratiques en santé de l’Hôpital Central.

Ledit Café éthique essayait d’insister ou de stimuler la réflexion autour de pourquoi et comment former les professionnels soignants à l’éthique et à la déontologie, justifie le conseiller technique de l’hôpital central de Yaoundé. Former à l’éthique et à la déontologie est aujourd’hui presque standardisé. Quand on a été formé, on a reçu des connaissances, on a peut-être des attitudes ou des aptitudes qui doivent être confrontées à la réalité. Il faut être capable lorsqu’on est en position de reconnaître qu’est-ce qu’un dilemme ethnique, comment agir de manière ethnique face à une contrainte dans l’environnement où l’on exerce. « Il peut se poser des problèmes ethniques particuliers dans un hôpital de référence qui ne seront jamais les mêmes », explique le Pr. Ongolo Zogo Pierre. Les pratiques médicales inappropriées peuvent entraîner des complications et des décès. Les patients peuvent être amenés à payer de leur poche pour des soins qui devraient être pris en charge par l’assurance maladie.

La négligence des malades à l’hôpital au Cameroun est un problème de santé publique préoccupant, qui fait l’objet de nombreuses études et débats. Les causes de cette situation sont multiples et interconnectées, allant des problèmes structurels du système de santé à des facteurs plus individuels liés aux pratiques professionnelles. Cette partie a été développée par Richard Tchapda, infirmier à l’hôpital central de Yaoundé. Lors de sa prise de parole, le Pr. Fouda Pierre Joseph a parlé de l’humanisation des soins. « C’est aux pieds du malade à l’hôpital que le personnel de santé se forme. » C’est le malade qui forme ». Les hôpitaux Camerounais, en particulier ceux des zones rurales, souffrent souvent d’un manque criant de ressources matérielles et humaines. Le matériel médical est souvent obsolète, les médicaments manquent et le personnel est sous-effectif. Les médicaments destinés aux hôpitaux publics peuvent être détournés vers le marché parallèle, entraînant des pénuries dans les établissements de santé. Des professionnels de santé peuvent facturer des soins qui n’ont pas été effectués ou surévaluer le coût des soins réellement réalisés. Les appels d’offres pour l’achat de médicaments et de matériel médical peuvent être truqués afin de favoriser certains fournisseurs. Les pénuries de médicaments et de matériel médical peuvent empêcher les patients d’être soignés correctement.

Ces pratiques peuvent éroder la confiance des populations dans le système de santé, ce qui peut dissuader les personnes de se faire soigner. La corruption est un problème endémique dans de nombreux pays, y compris le Cameroun, et elle touche tous les secteurs, y compris celui de la santé. La pauvreté pousse certaines personnes à recourir à des pratiques illégales pour améliorer leurs conditions de vie. L’absence de mécanismes de contrôle efficaces permet aux acteurs malhonnêtes d’agir en toute impunité.

Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes de contrôle rigoureux pour prévenir et détecter les fraudes et les détournements de fonds. Une plus grande transparence dans la gestion des finances publiques est essentielle pour lutter contre la corruption. Le personnel de santé doit être formé aux règles de déontologie et aux risques de corruption. La société civile peut jouer un rôle important en sensibilisant les populations aux problèmes de corruption et en exerçant une pression sur les autorités.

Elvis Serge NSAA

 

 « Il y a du travail à faire ».

Pr Ongolo Zogo Pierre

Selon le conseiller médical et directeur du Centre pour le développement des bonnes pratiques en santé de l’hôpital central, il y a des programmes qui ont certes été élaborés, mais est-ce que les personnes qui sont en train de mener ces formations sont à l’optimum de leurs compétences ?

 

Est-ce que les modèles actuellement en formation sont les plus appropriés ?

Le Café éthique de ce 24 juillet essayait d’insister ou de stimuler la réflexion autour du pourquoi et du comment former les professionnels soignants à l’éthique et à la déontologie. Former à l’éthique et à la déontologie est aujourd’hui presque standardisé et à la formation initiale en école, mais quand on a été formé, on a reçu des connaissances, on a peut-être des attitudes ou des aptitudes qui doivent être confrontées à la réalité. Il faut être capable lorsqu’on est en position de reconnaître qu’est-ce qu’un dilemme ethnique, comment agir de manière ethnique face à une contrainte dans l’environnement où l’on exerce. Il peut se poser des problèmes ethniques particuliers dans un hôpital de référence qui ne seront jamais les mêmes que dans un centre de santé.

Il y a des études qui indiquent, mais ce n’est pas dans toutes les facultés qu’il y a des responsables chargés de la formation en éthique ou dans toutes les écoles de soignants. Il y’a des programmes qui ont certes été élaborés, mais est-ce que les personnes qui sont en train de mener ces formations sont à l’optimum de leurs compétences ? Il y a du travail à faire.

 Les professionnels une fois sur le terrain à l’hôpital, au centre de santé, à l’hôpital de district, respectent-ils et pratiquent-ils ?

Le contact n’est pas le même parce qu’il n’y aurait pas toutes les plaintes provenant des médias sur les comportements qui ne sont pas éthiques sur les formations sanitaires. Donc, il y a une dimension de formation continue, de compétences à entretenir qui sont importantes et nous devons continuer. Et chaque institution hospitalière, idéalement, devra avoir un mécanisme pour s’assurer que son staff, son personnel a un cadre qui permette de s’ouvrir pour échanger lorsque que se pose un problème ethnique.

 Et pour terminer, il y a besoin de former des acteurs qui puissent faire la recherche sur l’éthique médicale dans notre réalité camerounaise. Est-ce que les uses et coutumes dans la partie méridionale du Cameroun sont les mêmes que dans la partie septentrionale ? Est-ce que la logistique, qui est une logique occidentale de l’éthique autour de l’individu, peut s’appliquer dans d’autres contextes qui réunissent individus et communauté qui intervient lorsqu’il y a problème de soin ?

C’est autant de questions que nous avons essayé d’aborder et qui méritent d’être poursuivies, d’ où la réflexion mérite d’être poursuivie dans chaque hôpital, idéalement pour s’assurer que les soignants, les professionnels en soin reçoivent la formation continue dont ils ont besoin pour que l’humanisation des soins qui est l’un des objectifs stratégiques importants du ministère de la santé devienne une réalité, pas seulement un slogan.

Qu’est-ce que cela peut apporter de manière concrète ?

De manière concrète, si les professionnels de santé sont mieux formés en éthique et en déontologie, on va améliorer la qualité des soins, on va humaniser les soins qui vont devenir quelque chose de palpable pour les usagers des systèmes de santé et on va restaurer la confiance dans le système de santé.

Que faut-il faire pour arriver à ce modèle ?

Pour arriver à ce modèle, il faudrait, si je peux me permettre, que chaque institution, chaque formation sanitaire s’assure qu’il y ait un cadre où la réflexion éthique est possible, où les soignants peuvent être formés de manière pratique face à une situation.

Aujourd’hui, il y a des personnes : lorsque vous leur parlez de conflit d’intérêts, ils ne comprennent pas ce que cela signifie. Est-il normal qu’un soignant vende les médicaments à son malade ? C’est pas normal, pourtant il ne le considère pas ainsi. Il le considère comme un moyen de survie comme un autre.

Or, par rapport au serment, au code de déontologie, au code d’éthique, ils ne devraient pas avoir de lien financier direct avec leurs patients ou conditionner leurs soins au fait qu’on utilise le matériel qu’ils vendent aux malades ; c’est le contraire. Si on ne leur a jamais dit que c’est une situation qui n’est pas éthique, ils considèrent que c’est normal, donc il faut vraiment des comités qui permettent d’avoir ces réflexions très pratiques sur le terrain.

Propos retranscrits par Angélique EKAMAN Stg

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