Campagne de chirurgie esthétique et reconstructive : L’hôpital Laquintinie de Douala  répare  les poitrines, les seins et les fesses

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Grande Interview

 

L’hôpital Laquintinie de Douala, au Cameroun, lance une campagne de chirurgie plastique et reconstructive, ainsi que de chirurgie de l’obésité et de chirurgie coelioscopique.

Le professeur Jean-Paul Engbang, chirurgien viscéral et cancérologue, explique que cette campagne a pour but de proposer des solutions chirurgicales aux personnes obèses qui n’ont pas réussi à perdre du poids par d’autres méthodes. La chirurgie plastique et reconstructive permet également de corriger les cicatrices invalidantes et  redonner confiance aux personnes complexées par une partie de leur corps suite à une maladie comme le cancer ou un accident.

La campagne, qui durera une semaine, débutera le 30 juillet 2024 et l’hôpital prévoit de réaliser environ 4 à 5 interventions par jour. C’est le Cameroun qui gagne en réduisant les évacuations sanitaires aux coûts incalculables.

 

« Ce n’est pas tout le monde qui se lève et qui pourrait automatiquement bénéficier de cela. Il faut être éligible… »

 

 

Pr Jean-Paul Engbang

 

Chirurgien viscéral et cancérologue. Il est enseignant à la faculté de médecine de l’université de Douala et par ailleurs chef du département de chirurgie et discipline affinitaire à l’hôpital Laquintinie de Douala, il compte 20 ans de pratiques.

 

 Nous l’avons approché pour comprendre la campagne de nouvelles chirurgies lancée à l’Hôpital Laquintinie de Douala. Il s’agit entre autres de la réparation des poitrines des femmes ayant subi l’ablation des seins atteints de cancer, la chirurgie des personnes obèses. Les opérations sont annoncées à partir du 30 juillet 2024 et se feront durant une semaine.

 

 

Une grande campagne en matière de chirurgie plastique reconstitue l’esthétique, on va le dire comme ça. C’est vrai qu’on veut comprendre les raisons et qu’est-ce qui a pu motiver une telle campagne. Est-ce qu’on a plus de cas aujourd’hui, de personnes qui ont besoin, par exemple, de cette chirurgie-là particulièrement ?

 

Et en réalité, comme vous l’avez constaté, c’est trois choses que nous faisons en même temps. Dans un premier temps, nous faisons une campagne de chirurgie bariatrique.

 

Nous faisons aussi une deuxième campagne, qui est la campagne de la chirurgie plastique, esthétique et reconstitue. Et nous faisons une campagne de chirurgie, on dirait, coelioscopique. Pourquoi ? Déjà, il faut d’abord comprendre ces chirurgies.

La chirurgie bariatrique, c’est la chirurgie de l’obésité. Donc, c’est la chirurgie de l’obésité. Les gens qui sont en surpoids et qui ont déjà essayé de multiples méthodes, des régimes et ainsi de suite, sont déjà faits suivre par les gastro-entérologues, par les diététiciens et ils n’ont pas pu perdre du poids. Alors, nous leur proposons une solution chirurgicale. Maintenant, la chirurgie plastique, reconstructive ou bien esthétique, effectivement concerne plusieurs options. Premièrement, les malades qui nous intéressent beaucoup. Vous savez qu’aujourd’hui, le cancer du sein est un cancer qui a pris de l’ampleur. Et la majorité de ces malades sont amputés. On enlève un sein et ainsi de suite. Et malheureusement, ça reste un problème psychologique et réel. Parce qu’une jeune femme, surtout que l’âge aujourd’hui de ce cancer du sein ne fait que reculer. On se retrouve avec des femmes d’une vingtaine d’années qui se retrouvent avec un sein amputé. Psychologiquement, elles sont abattues. Nous avons pensé qu’il faut, au-delà de la thérapie, donc de l’oncologie, de la chirurgie qui est faite, pouvoir redonner, n’est-ce pas, la gaieté à cette malade, pouvoir lui redonner un sein. Donc, ça, ça concerne, par exemple, ce genre de patients. Il y a également des gens qui ont des cicatrices, des cicatrices invalidantes, qui sont là, vous avez peut-être fait un accident, vous êtes brûlé, vous avez une cicatrice qui a pratiquement déformé une partie de votre corps. Vous pouvez venir, on essaie d’enlever cette cicatrice, de reconstruire la chose. Maintenant, au-delà de ça, il y a également d’autres parties du corps qui peuvent avoir des problèmes.

 

Pour avoir un nez déformé, ou pour avoir un ventre un peu trop gros. Bref, donc, des personnes qui ont, je dirais, une partie du corps qui ne les plaise pas, et bien qui font que la société les marginalise, peuvent venir, et nous essayons de reconstruire ça. Ça, c’est pour la chirurgie esthétique, plastique et reconstructive.

Maintenant, la chirurgie coelioscopique, en réalité, c’est la chirurgie à ventre fermé, et qui est faite depuis, mais qui est aussi mal connue par la population. Nous offrons, effectivement, la possibilité aux patients de s’être opérés, surtout qu’en réalité, cette chirurgie, telle que nous la pratiquons ici, est largement plus moins chère que la chirurgie ouverte. Mais on remarque que malgré le fait qu’elle existe, les gens ont toujours peur.

 

Lorsque vous la proposez aux malades, les malades se disent toujours que, comme c’est la première fois qu’il entend parler de ça, ils ne sont pas prêts toujours à l’accepter. C’est pour ça qu’on a inclus ça dans la campagne.

 

Mais est-ce que c’est important, tout cela ?

 

Oui, c’est très important…

C’est très important parce que dans la politique de santé voulue par le Chef de l’Etat, et qui est très bien construite par le ministre de la Santé publique, on ne devrait pas négliger une partie de la population. Par exemple, cette chirurgie bariatrique, ou bien cette chirurgie reconstructive, beaucoup de nos compatriotes vont à l’extérieur pour la faire. Or, c’est des choses qu’on peut faire. Une chirurgie, par exemple, de l’obésité, quand on regarde les prix qui sont pratiqués à l’extérieur, c’est des choses de 6 000 euros. Et ainsi de suite, c’est un contre-biais d’avion que vous payez pour y aller. Même la chirurgie esthétique et autre, c’est des millions.

 

La majorité, des patients que nous recevons ces derniers temps, enfin, qui ont entendu parler de la campagne, viennent et nous disent, est-ce que c’est vrai qu’on peut faire ça ? Parce que beaucoup disent, voilà, moi j’ai planifié d’aller faire ça en Turquie, moi j’ai planifié d’aller faire ça en France. Et parfois, c’est des actes qui sont tellement simples.

C’est des petites chirurgies, parfois, qui ne sont pas aussi grandes que ça. Juste, pour vous opérez, vous faites la liposuccion, c’est-à-dire enlevez la graisse quelque part dans le ventre. Vous êtes obligés de payer, je ne sais pas, 4 000 euros (soit environ 2.6 millions FCFA Ndlr), plus le billet d’avion pour aller vous faire ça en Turquie.

 

Et certains reviennent de là, avec des complications. C’est pour ça qu’on se dit, au lieu de laisser nos compatriotes souffrir autant, il faut qu’on leur fasse savoir qu’on peut faire ça, localement. Et nous tenons vraiment à remercier le Professeur Noël Emmanuel Essomba, qui est en train de construire un service qui sera totalement dédié à ça. C’est-à-dire à la chirurgie bariatrique, à la chirurgie esthétique. Un service qui prendra compte de tout.

 

De toute façon, puisque la majorité va à l’extérieur, ça montre que même les conditions dans lesquelles vous serez, ne seront pas différentes des conditions que vous aurez en France, en Turquie, etc.

 

Donc vraiment, c’est un grand problème de santé, parce qu’on a beaucoup de nos patients, beaucoup de nos compatriotes qui sont obèses. On a beaucoup de nos patients qui ont été amputés de seins. On a beaucoup de nos patients qui ont des cicatrices invalidantes.

Bref, on pense que c’était un véritable problème de santé publique. Et aujourd’hui, nous voulons leur faire comprendre qu’un hôpital Inquiétude doit là. Au Cameroun en général, à l’hôpital Inquiétude, en particulier, tout camerounais peut trouver une solution.

 

Professeur, est-ce que vous avez les mécanismes de suivi, de contrôle quand l’opération est faite ? Parce que la plupart du temps, c’est des complications qui arrivent à la maison. Comment est-ce que vous faites après coup ?

 

Oui ! La première chose c’est que, comme je l’ai dit, il y a pratiquement un service d’hospitalisation qui y est dédié. C’est un service, ce n’est pas simplement une chirurgie qu’on fait et puis vous partez. Ceux qui travaillent dans le service sont des spécialistes. Que ce soit le personnel infirmier, que ce soit des médecins, ils sont spécialisés pour prendre en charge ce genre de malades. Et c’est même pour ça que, dans le cadre de la campagne, il y a tout un cours qui sera fait également dessus, pour former le personnel qui est là, parce que, comme c’est des nouvelles activités que nous mettons à l’hôpital, on ne va jamais se fatiguer à enseigner.

 

Donc, le malade, pendant tout son séjour, est totalement suivi et il ne sort de l’hôpital que lorsqu’on est persuadé que tout va bien et qu’il n’y a aucun problème. Et c’est différent de ce qui est fait à l’étranger, parce que parfois vous allez à l’étranger, vous êtes obligé de vite rentrer parce que, financièrement, vous êtes déjà à court. Certains rentrent avec des plaies suppurantes parce que, voilà, il a fallu faire plus de séjours là-bas, je n’ai pas de l’argent. Or, ici, nous vous offrons ça sur place et nous nous assurons que vous sortez de l’hôpital quand tout est garanti.

 

Puisque vous parlez des coûts, on sait que les compagnies d’assurance ne prennent pas en compte ce genre d’actes médicaux. Et ça, c’est nouvellement arrivé au Cameroun. Est-ce que ça sera à la portée de tout le monde ?

 

Oui, effectivement, nous avons étudié la question. Et je crois qu’aujourd’hui, en ce qui concerne par exemple, la chirurgie bariatrique, la chirurgie de l’obésité, l’hôpital est en train de voir comment prendre en charge au plus la moitié de ce que vous aurez pu dépenser quand vous êtes de l’autre côté. Donc, ça veut dire qu’en réalité, c’est une chirurgie qui coûtera dans les 1,5 million de FCFA moins couteux par rapport aux 3 millions, 4 millions que vous dépensez quand vous êtes de l’autre côté, sans compter votre billet d’avion et votre séjour.

 

Parlant de la chirurgie esthétique aujourd’hui, la direction est également en train de voir comment prendre tout un coût dans les avions, les 300.000 francs CFA. Alors qu’en réalité, comme ici, c’est une chirurgie qui coûte 4 000 euros à l’extérieur. Dans la chirurgie coelioscopique, tout frais confondu, vous payez dans les 300 000.

 

Vous déposez votre argent jusqu’à ce que vous sortiez de l’hôpital et vous ne payez rien d’autre. Donc, vraiment, c’est des coûts qui sont en train d’être vus totalement à la baisse pour donner la possibilité à tous de se prendre en charge. Parce que, comme je le disais tantôt, les patients, par exemple, qui sont venus nous voir au courant de la semaine et qui avaient bien planifié, lorsqu’on leur dit que, voilà, vous avez payé 300 000 francs, il y a même une peur que ce ne soit pas quelque chose de bon.

Quelque chose de bon, parce qu’ils se disent, mais comment, 300 000 FCFA alors que là-bas, on me demande 3.000 euros. D’où la question des morts. Parce qu’on se dit quand même que c’est nouveau.

 

C’est nouveau. Est-ce qu’on a ces spécialistes-là ? Est-ce que vous avez tenu compte de ces mœurs africaines ? Comment vous allez gérer le fait que c’est nouveau et expliquer aux Camerounais que c’est possible ?

 

Ça c’est une très bonne question ! J’aimerais attirer l’attention des gens en disant que : en réalité, c’est nouveau. Et c’est parce que c’est nouveau, qu’on a peu de spécialistes dans la chose.

 

Nous nous faisons accompagner d’une expertise belge. C’est-à-dire que nous avons nos compatriotes qui sont en Belgique, qui viennent avec toute une équipe.

Une équipe de spécialistes qui viennent de la Belgique pour nous aider  à implanter de façon définitive cette chirurgie au Cameroun. Donc en réalité, c’est un processus que nous voulons à long terme, au courant d’une année. C’est-à-dire que c’est quatre campagnes que nous faisons tous les trois mois. L’objectif étant de passer la main à nos spécialistes locaux. Donc c’est une équipe belge qui vient nous aider à opérer. C’est en même temps une transmission de connaissances. C’est ce que nous avons prévu, quatre campagnes. Et à la fin de ces quatre campagnes, nous pensons que notre équipe locale sera totalement experte et pourra se passer de cette équipe belge. En fait, c’est cette politique qu’on a mise en place.

 

Et comme nous disons, pour qu’on arrive en réalité à opérer l’obésité, ce n’est pas d’un coup. C’est-à-dire que le malade qui a un problème d’obésité doit passer par tout un circuit. Vous venez chez le chirurgien. Le chirurgien vous envoie chez le gastro-entérologue qui est le spécialiste du ventre, pour voir s’il n’y a pas une maladie là-bas qui peut poser un problème. Après lui, vous allez voir le diététicien, qui va essayer également de vous suivre. Vous finissez avec le diététicien, vous allez voir le psychologue, parce que c’est des chirurgies qui sont assez délicates. Il faut que l’individu puisse suivre toutes les recommandations. Vous quittez le psychologue, vous voyez le cardiologue, qui également doit vous suivre et être persuadé qu’il n’y a pas de maladies cardio-corporelles qui peuvent vous gêner.

 

Et à la fin du circuit, vous revenez voir le chirurgien, qui va encore vous envoyer chez le médecin. Donc avant qu’on ne décide à la fin, si réellement vous êtes éligible, vous devez avoir parcouru tout ce monde-là. Et c’est ce comité-là, qui à la fin, s’assoit, et qui dit, OK, le malade X, est prenable. Le malade Y, n’est pas prenable. C’est pour ça que nous savons déjà que pour cette campagne, nous n’aurons pas beaucoup de patients. Parce que les patients que nous allons sélectionner sur toute la population d’obésité sont ceux qui avaient fait ce circuit avant, donc qui étaient déjà dans les processus. Mais ceux qui viennent actuellement ne peuvent pas être opérés là maintenant. Parce qu’en réalité, pour qu’on puisse les opérer, il faut un minimum de trois à six mois de suivi. C’est-à-dire faire tout ce parcours pour qu’à la fin, que l’on dise que oui, lui, il peut bénéficier de la chirurgie.

 

Par exemple, c’est des malades qui ne pourront pas bénéficier de la chirurgie bariatrique, donc de l’obésité, parce que là, c’est l’estomac qu’on s’en va opérer. On peut leur proposer des chirurgies beaucoup plus simples, comme la liposuccion, où on s’en va juste enlever la graisse, on assume juste votre graisse. Ceux qui ne pourront pas bénéficier de la chirurgie de l’estomac, se verront, proposer d’autres chirurgies beaucoup moins lourdes.

 

Donc, c’est tout un gros processus, vraiment, qui est mis en place, et nous le faisons, pour être certains que les résultats seront bons et que nous n’aurons rien à envier  aux résultats européens, américains ou je ne sais pas où.

 

Professeur, je voudrais revenir un peu à la chirurgie esthétique, qui engendre beaucoup de petites choses qu’il faut mettre au point. Je parle, par exemple, de prothèses mammaires. Est-ce que vous envisagez la fabrication de cela à l’hôpital Laquintinie?

 

Oui, comme je l’ai dit, c’est tout un processus qu’on met en place, parce qu’en réalité, pour reconstruire un sein, on peut le reconstruire de deux façons. Soit en mettant une prothèse, soit en prenant une partie de votre corps, c’est-à-dire, prendre par exemple une partie de votre ventre, la peau avec tout ce qu’il y a en dessous, et venir la remettre au sein, et on le reconstruit. Ça, c’est de deux façons.

 

Avec son téton ?

 

Oui, c’est-à-dire qu’on peut fabriquer. Le plus important, ce n’est pas la masse. Effectivement, nous ne sommes qu’au début. Pour l’instant, pour les malades qui sollicitent juste une reconstruction, on ne mettra pas de prothèse. Pour les malades qui sont éligibles pour les prothèses, nous mettons des prothèses. Mais maintenant, bien sûr, comme je l’ai dit, on se fait accompagner. C’est-à-dire que nous voulons d’abord être sûrs du succès de l’acte chirurgical, être persuadés qu’on maîtrise déjà, avant maintenant d’envisager une politique de production.

Pour l’instant, ce que nous utilisons, ce sera ce qui a été acheté à l’extérieur. Mais comme je l’ai dit, c’est un processus à long terme. Au terme d’une année, on a maîtrisé les choses, on a su qu’il n’y a pas de complications. C’est-à-dire qu’on envisagera maintenant la deuxième étape.

 

Je crains que vous ne soyez submergés, parce qu’il y a des jeunes filles aujourd’hui qui veulent les gros seins, les grosses fesses…Comment vous allez faire ?

 

Effectivement, nous y pensons, parce que justement, le service qui est en train d’être ouvert, est un service qui n’a pas beaucoup de lits, pour pouvoir prendre tout le monde en charge. Mais, je crois que l’Hôpital Laquintinie, c’est 9 hectares. Et nous avons un architecte, et le directeur  envisage  comment construire quelque chose.

Et je crois que dans sa tête, il l’a déjà su, il a déjà vu qu’il faut s’agrandir. Parce qu’effectivement aussi, le processus va nécessiter le recrutement de beaucoup de jeunes, parce que les quelques-uns qui vont maîtriser la technique seront forcément débordés. Nous avons déjà discuté au sujet du recrutement des personnels dédiés, parce qu’on sait que si cette campagne réussit, nous serons débordés.

 

Quelle est la tranche d’âge que vous recevez ici ?

 

Au départ, on pensait avoir des personnes au-delà de 40-50 ans. On est surpris d’avoir des jeunes filles de 18-25 ans qui appellent pour dire, voilà, est-ce qu’on peut me refaire telle partie du corps ? On est surpris. Mais vu les tendances actuelles, vu l’occidentalisation de nos vies, on commence à comprendre … on voit certaines émissions télé…aujourd’hui c’est ouvert.

 

Vous qui êtes spécialiste, est-ce que c’est tout le monde qui peut le faire ? On se lève un matin, on se dit je m’en vais me refaire un sein par exemple ?

 

C’est pour ça que j’insiste sur l’accompagnement qu’il y a tout autour. J’insiste sur l’équipe qu’il y a tout autour. Parce que l’un des éléments importants ici c’est la présence du psychologue. Et c’est pour ça qu’il y a un accompagnement psychologique qui est fondamental.

 

Parce qu’effectivement, quelqu’un peut venir, comme vous le dites : une jeune fille qui n’est pas contente d’une partie de son corps, elle est d’abord prise en charge par le psychologue. Il cherche à comprendre pourquoi. Parce que, face à ce problème, le psychologue peut facilement résoudre le problème sans qu’on ait besoin de passer à l’acte, simplement travailler psychologiquement avec l’individu, pour que l’individu s’accepte tel qu’il est. Parce qu’aujourd’hui, effectivement, quelqu’un peut vouloir changer un sein, modifier le gros, et demain, c’est plutôt le petit sein qui est émis. C’est pour ça qu’on s’assure que le côté psychologique a été traité et que le désir est réellement fondé.

 

Parce que, comme vous le dites, le problème aujourd’hui, c’est parce qu’on va aller regarder la télé, on voit, on se dit, voilà, j’aimerais ressembler à tel, j’aimerais gonfler mes lèvres. Mais demain, après-demain, on se rend compte qu’on est plus laid que lorsqu’on avait ses lèvres telles qu’elles avaient été. Donc, on a un accompagnement psychologique qui est fondamental. Et je remercie le professeur parce qu’il nous a donné la possibilité, à l’hôpital, d’avoir beaucoup de psychologues. Une équipe de psychologues qui est assez rodée. Et je crois que, de ce côté-là, ça va être résolu. De l’autre côté, vous pouvez avoir l’espoir de penser pouvoir vous faire opérer. Mais l’accompagnement médical démontre que vous ne pouvez pas. Et c’est pour ça que face à certains désirs, nous avons la possibilité de vous proposer d’autres choses qui vous sont beaucoup plus adaptées, peut-être par rapport à votre santé, par rapport à votre âge, etc… C’est pour ça que nous avons mis tout un processus, toute une équipe qui travaille ensemble et qui est à mesure de vous dire de faire attention, votre santé ne vous permet pas de bénéficier de tel type de chirurgie.

 

Ça risque plutôt vous être fatal, ça risque plutôt vous créer des problèmes. Nous vous proposons plutôt telle ou telle autre chose. Ce n’est pas tout le monde qui se lève de la maison, vient et dit  « j’aimerais que vous fassiez telle chose » qui pourrait automatiquement bénéficier de cela. Il faut être éligible. Nous nous assurons, effectivement, que tout cet aspect social, personnel et autre est pris en compte avant de dire oui, vous êtes éligible pour telle ou telle chirurgie.

 

Durant ces semaines de campagne, vous comptez avoir combien de patients ?

 

Pour ce qui est de la chirurgie bariatrique, nous ne voulons pas beaucoup de personnes. Oui, parce que c’est une chirurgie qui est lourde.  Donc, vraiment, nous pensons que si nous avons même 4 personnes, ça nous suffit pour la chirurgie bariatrique.

 

Maintenant, pour la chirurgie esthétique, vu les appels que nous avons, on a du mal à l’éviter. Mais sachant aussi que nous n’avons pas beaucoup de spécialistes sous la main et pour ne pas épuiser nos spécialistes en une semaine, nous serons obligés de nous arrêter peut-être à une dizaine.

 

Par contre, pour la chirurgie coelioscopique, puisqu’il y a beaucoup de pratiquants, là, on peut aller au-delà de 10. Les actes chirurgicaux sont susceptibles de commencer le 29, donc de lundi jusqu’à vendredi. Mais du mardi au vendredi, nous allons opérer tous les jours. Nous pensons qu’en moyenne, on pourra avoir même 4 à 5 interventions par jour.

 

Un message pour les populations ?

 

Mon premier message, c’est qu’il faudrait que les Camerounais nous fassent confiance. Qu’ils soient persuadés qu’au Cameroun, on peut faire beaucoup de choses. Et que le ministère de la Santé publique a pensé à tout le monde, et c’est pour ça que nous voulons offrir aux populations des soins de qualité. Que les gens comprennent que les soins de qualité, ce n’est pas seulement hors du Cameroun, mais ça peut se faire dans notre pays, de très bonnes qualités, au plus faibles prix.

 

Et aux écoles qui forment les médecins…

 

Nous restons persuadés que les managers des différentes facultés de médecine, des écoles de formation professionnelles et autres en médecine, voyant ce qui est en train d’être fait, ils auront intérêt à ouvrir de nouvelles spécialités. Parce que c’est un appel qui a été fait. La chirurgie plastique va devenir courante et je pense qu’en formant, il y a un intérêt à former plus de plasticiens, plus d’esthéticiens.

Voilà la chirurgie de l’obésité qui est en train de prendre corps. Je pense aujourd’hui que, nos facultés de médecine ont intérêt à ouvrir une spécialisation dans ce genre de domaine et il est important que l’on sache que nous sommes là, nous sommes prêts.

 

Cette spécialité n’existe donc pas ?

 

Oui, ça n’existe pas. Au Cameroun, nous ne formons pas des chirurgiens esthétiques, nous ne formons pas des gens dans la chirurgie de l’obésité. Mais déjà, ce qui est bien fait, il faut remercier la faculté de médecine de l’université de Douala qui a, un master en chirurgie laparoscopique, donc chirurgie coloscopique. Là-bas, on a commencé à former une partie de la population pour la prise en charge d’un certain nombre de chirurgies et nous allons juste mettre un accent actuellement sur la chirurgie de l’obésité.

 

Mais quant à la chirurgie esthétique, non, elle n’existe pas. Nous ne formons pas encore de spécialistes au Cameroun, mais je crois que très bientôt, avec les résultats très positifs venant de Douala, on pourra désormais ouvrir cette spécialité.

 

Entretien mené par Alphonse Jènè

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