Cyberharcèlement : Afriyan s’attaque au fléau qui mine les femmes et les filles camerounaises.
Dans un contexte où les violences basées sur le genre se déplacent de plus en plus vers l’espace numérique, Afriyan-Cameroun, en collaboration avec l’UNFPA, a organisé une conférence-débat pour sensibiliser les étudiants de la Faculté de médecine de l’université de Yaoundé 1 sur les méfaits du cyberharcèlement et les moyens de le prévenir.
Le cyberharcèlement, un fléau qui mine les femmes et les filles camerounaises, a été au centre d’une conférence-débat organisée par Afriyan-Cameroun, en collaboration avec l’UNFPA, à la Faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé 1, ce 16 décembre 2024. L’événement, qui a réuni des étudiants de la faculté, a pour objectif de sensibiliser les jeunes sur les violences basées sur le genre facilitées par la technologie et les moyens de les prévenir. « Le cyberharcèlement est un problème qui nous concerne tous, car il peut arriver à n’importe qui, n’importe quand », a déclaré Fobasso Bolivar, Secrétaire Exécutif d’Afriyan-Cameroun. « Il est donc important que nous nous informions et que nous nous organisions pour lutter contre ce fléau qui mine les femmes et les filles camerounaises. » Le cyberharcèlement est une forme de violence numérique caractérisée par un harcèlement, qui peut s’exercer à travers divers canaux numériques ».
Selon le rapport du Project DeSHAME, le harcèlement sexuel en ligne désigne « un comportement sexuel non désiré sur toute plateforme numérique… reconnu comme une forme de violence sexuelle ». Quatre principaux types de harcèlement sexuel en ligne ont été répertoriés, notamment la publication non consentie de photos et de vidéos intimes, l’exploitation, la coercition et les menaces, l’intimidation à caractère sexuel et la sexualisation non désirée. Kungne Johann, psychologue addictologue à l’hôpital Jamot de Yaoundé, met en avant l’importance de sensibiliser les jeunes aux conséquences des violences basées sur le genre sur la santé mentale, dans le but de promouvoir une cohabitation pacifique et de prévenir les addictions.
Bertile Bénédicte Wouami Mbatang, avocate et présidente de l’Association pour la défense des droits humains, a lancé un appel à la sensibilisation des jeunes camerounais sur les règles de conduite dans l’espace cybernétique, confronté à des dérives et des menaces pour la sécurité et la dignité des internautes, notamment les femmes et les jeunes filles. Selon Fotso Fonkam et Al, le sextortion est une forme de chantage et d’intimidation en lien avec le sexting. Sous une fausse identité ou un pseudo, une personne (le plus souvent un adulte) parvient à se procurer des photos dénudées ou compromettantes de jeunes (qu’il s’agisse de filles ou de garçons) via les réseaux sociaux ou Internet. Il intimide sa victime en menaçant de rendre ces images publiques. Le but ? Obtenir toujours plus d’images compromettantes, de l’argent ou une rencontre.
Emmanuel Batake, expert en genre et coordinateur en données genre, a récemment échangé avec des jeunes médecins sur l’importance de la gestion de l’information numérique et les risques liés à la cybercriminalité, soulignant la nécessité pour ces futurs professionnels de santé d’être à la pointe de l’évolution numérique pour protéger à la fois leurs patients et eux-mêmes. Le harcèlement sexuel en ligne peut se pratiquer par le biais des téléphones portables, des messageries instantanées disponibles sur Facebook, WhatsApp, Instagram, et Snapchat, des forums ou encore des jeux en ligne, par exemple.
Tikamen Dokou Leina Steila, étudiante à la Faculté de médecine et des sciences biomédicales de l’université de Yaoundé 1, a déclaré : « J’ai appris beaucoup de choses sur les violences sur les réseaux sociaux. Les violences sur les réseaux sociaux ont des répercussions psychologiques dont je ne connaissais pas vraiment l’ampleur et l’impact sur la santé psychologique de chacun. J’ai également appris que, même si l’on se sent isolé sur les réseaux sociaux, il existe des moyens de se défendre et de porter plainte. Il y a des instances où l’on peut être écouté et aidé. J’ai aussi appris que les psychologues dans les hôpitaux peuvent prendre en charge des personnes qui souffrent de troubles mentaux liés à ce type de chantage. Selon Fotso Fonkam et Al, contraction de “sex” et “texting,” cet acte consiste à envoyer par téléphone mobile ou par Internet des messages pornographiques ou érotiques, des photos ou vidéos de soi nu ou dans des poses suggestives à d’autres jeunes (généralement, à son petit copain). « J’ai acquis une nouvelle perspective sur les violences sur les réseaux sociaux et leur impact sur les individus, quel que soit leur genre. J’ai compris que, même si les garçons sont moins touchés par ce phénomène, nous pouvons également en être victimes et que nous avons un rôle crucial à jouer dans la protection de nos proches, notamment nos tantes, sœurs et camarades. Il est de notre responsabilité collective de lutter contre ces violences et de promouvoir un environnement en ligne sûr pour tous », confie Ewondo Ndzana Ghislain Franklin.
La conférence-débat, qui a porté sur le thème « Prévenir les violences basées sur le genre facilitées par la technologie pour le plein épanouissement des femmes et filles à l’ère du digital », a été l’occasion pour les participants de partager leurs expériences et leurs idées sur la manière de lutter contre le cyberharcèlement. « Les femmes et les filles sont les principales victimes du cyberharcèlement, car elles sont souvent ciblées en raison de leur sexe », a souligné un participant. « Il est donc important que nous nous battions pour protéger leurs droits et leur dignité en ligne. » Pour Fobasso Bolivar, « la prévention du cyberharcèlement nécessite une approche globale qui implique tous les acteurs de la société, notamment les parents, les enseignants, les médias et les autorités publiques ». « Nous devons nous assurer que les femmes et les filles ont accès à l’information et aux ressources nécessaires pour se protéger en ligne », a-t-il ajouté. La conférence-débat a également été l’occasion pour les participants de découvrir les différents outils et ressources disponibles pour lutter contre le cyberharcèlement, notamment les plateformes de signalement et les lignes d’écoute.
« Nous sommes déterminés à continuer cette lutte contre le cyberharcèlement, car nous croyons que les femmes et les filles ont le droit de vivre sans crainte de violences en ligne », a conclu Fobasso Bolivar. « Nous appelons tous les Camerounais à se joindre à nous dans cette lutte pour un internet plus sûr et plus équitable pour tous. » Cette conférence-débat s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par Afriyan Cameroun et ses partenaires pour promouvoir l’égalité des genres et protéger les droits des femmes et des filles au Cameroun.
Gisèle NDAO Stg