District de santé de Gaschiga : L’état de délabrement avancé inquiète

Avec une population de 162.000 habitants répartie dans 04 arrondissements, le district de santé de Gaschiga s’est donné pour mission d’être non seulement proche des populations mais surtout, améliorer de manière significative leur condition d’accès aux soins de santé de qualité. Cependant, cette volonté est confrontée à plusieurs goulots d’étranglements.
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Gaschiga, une bourgade située à une dizaine de km de Garoua, la capitale de la région du Nord. Ici, l’on retrouve plusieurs structures sanitaires publiques et privées, qui mènent des activités liées aux soins de santé primaires et préventifs, de sensibilisation à la prévention des maladies et de surveillance épidémiologique. A l’hôpital de district où on se trouve, des patients sont venus en grand nombre. Ils sont pris en charge par les responsables des lieux, en fonction de l’ordre d’arrivée.

Rapidité, professionnalisme et bon accueil sont à l’ordre du jour. Toute chose qui soulage les peines de Mariam Ibrahima, venue pour une consultation médicale. « Je n’ai pas pu dormir la nuit dernière à cause d’un mal de tête. Tôt ce matin, je suis venue voir le médecin. Il m’a consultée et prescrit un traitement, je suis vraiment satisfaite du travail qui est effectué ici », a-t-elle déclaré. Cependant, cette volonté manifestée se heurte à plusieurs difficultés notamment,  le délabrement avancé des bâtiments, l’insuffisance de personnel en quantité et en qualité.

Ursule KEIMBA

Dr Abdel Habib Adamou

 « Que les Maires continuent à s’intéresser aux activités liées à la santé » 

Chef du district de santé de Gaschiga, il nous présente la structure dont il a la charge tout en soulignant les difficultés rencontrées au quotidien et l’appel lancé aux Collectivités territoriales décentralisées pour leur meilleure implication dans les questions de santé et de bien-être des populations

Faites-nous une brève présentation du district de santé de Gaschiga ?

Le district de santé de Gaschiga compte une population de 162.000 habitants réparti dans 04 arrondissements avec 10 aires de santé et 21 formations sanitaires, soit 19 Centres de santé intégrés, un Centre médical d’arrondissement et un hôpital de district. 

Quelles sont les activités qui sont menées au district de santé de Gaschiga ?

Les activités menées sont bien évidemment les activités liées aux soins primaires et préventifs. Par exemple dans le cadre du programme de la vaccination, nous faisons dans la vaccination en routine et aussi en avancée dans les communautés, des campagnes de santé que nous organisons dans le cadre de la lutte contre le paludisme, notamment la campagne de chimio-prophylaxie, les campagnes de distribution de masse des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action. A côté, il faut noter les campagnes de vaccination polio, les activités de soins préventifs accès sur la femme enceinte. Nous faisons aussi dans le suivi de la santé de reproduction et dans les sensibilisations pour la prévention contre les maladies comme le Vih/Sida, le paludisme, des consultations curatives dans les formations sanitaires. On peut également citer des activités de surveillance épidémiologique. 

Le district de santé de Gaschiga étant frontalier au Nigéria, certaines épidémies sont toujours présentes. Comment gérez-vous toutes ces situations ?

C’est un défi que nous travaillions au quotidien pour le relever. Des éléments comme la porosité des frontières nous amène à faire beaucoup plus dans la surveillance épidémiologique pour les maladies évitables par la vaccination à l’instar de la rougeole, de la fièvre jaune, du tétanos néonatal mais aussi des cas de paralysie flasque aigue (PFA). Nous avons également des programmes dans la gestion des ressources humaines, la collaboration avec les collectivités territoriales décentralisées, nous nous rassurons donc qu’il y a un plateau technique adéquat, qu’il y a du personnel en quantité et en qualité dans les formations sanitaires. Mais l’activité principale c’est la supervision des différents programmes dans les formations sanitaires à l’idée d’encourager aussi les personnels de santé à offrir des prestations de qualité. Il y a de cela quelques mois, nous avons eu l’opportunité de présenter au Ministre de la Santé Publique, la situation de l’hôpital de district qui a besoin d’être réhabilité, et également de la ressource  humaine. A la suite de ces doléances, la haute hiérarchie a ordonné un financement de cent millions (100.000.000 FCFA), pour la réhabilitation de nos structures. Nous espérons qu’après cette réhabilitation, en améliorant la qualité de l’accueil de l’hôpital de District, la communauté viendra davantage se faire consulter ici où nous avons déjà des médecins que le MINSANTE a envoyé tout récemment. Nous saisissions donc l’occasion pour exprimer au Ministre de la Santé Publique le Dr. Malachie MANAOUDA notre gratitude, parce que qu’il est toujours à notre écoute et œuvre pour offrir des soins de santé de qualité aux populations camerounaises. 

Quelles sont les difficultés rencontrées au quotidien ?

Les difficultés sont de plusieurs ordres. Depuis 2018 que nous sommes au district de santé de Gaschiga, nous avons pu améliorer beaucoup de choses par exemple la gestion des formations sanitaires où au départ nous avons des problèmes de personnels, mais avec les plaidoyers que nous avons fait, aujourd’hui le gouvernement à travers notre chef de département ministériel a lancé un programme de recrutement des personnels occasionnels et saisonniers dans les FOSA. Ce qui nous a donné beaucoup de souffle quant à la gestion des ressources humaines. Une autre difficulté, c’est la distance entre les formations sanitaires qui rend la supervision et la gestion des références et contre-références un peu difficile, et bien évidemment le fait que nous partageons aussi une longue frontière avec le Nigéria, un pays qui est toujours en épidémie de polio, de rougeole et comme nous ne contrôlons pas vraiment les frontières et garce au poste de sante frontalier, il y a des cas de polio, de rougeole qui sont notifiés de part et d’autre, avec la présence des nomades, des personnes fuyant le conflit boko haram, ce qui rend la situation plus compliquée. 

Face à ces difficultés, qu’est-ce qu’il y a lieu de faire ? 

Pour le gouvernement, il faudrait continuer à nous appuyer comme ils sont entrain de la faire maintenant, parce que quand nous sommes arrivés au district de santé de Gaschiga il n’y a avait pas de poste santé frontalier, aujourd’hui ils sont créées à Barndaké, Demas, Kobosi et à Djatoumi. Nous souhaiterons que ces postes santé frontalier aient des infrastructures viables pour permettre à ces responsables de travailler avec plus d’efficacité, et du matériel adéquat pour effectuer un travail de qualité. Deuxièmement, que les maires s’approprient du projet santé dans leur arrondissement. Nous avons observés beaucoup d’amélioration donc, nous aimerions que les collectivités territoriales décentralisées continuent à s’intéresser aux activités liées à la santé pour que à partir du moment où il y a transfert de compétences, qu’on puisse avoir tout l’appui technique que le district peut apporter pour leur permettre de faire le travail convenablement. 

Pour finir avec cet entretien, quels conseils ou messages d’encouragement à adresser aux personnels de santé ?

Nous les remercions d’abord pour tout le travail abattu jusqu’ici. Ca été quelque chose de très difficile dû dans un premier temps au retard de paiement que ce personnel a accusé par rapport à sa rémunération, ils ont fait preuve de beaucoup de courage et d’engouement. On leur demande d’être patients et qu’ils ont tout notre soutien pour l’amélioration de la qualité des soins dans les formations sanitaires. Nous espérons un lendemain meilleur. 

Interview menée par Ursule KEIMBA 

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