Interview – Dr Philippe Ngandeu

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« Mon objectif principal est de rassembler les médecins autour d’objectifs et d’idéaux communs afin de restaurer « le Médecin » dans ses prérogatives et de lui permettre de prendre part efficacement et utilement au développement de notre système sanitaire »

Dans cet entretien, le Président du Syndicat national des médecins privés du Cameroun (SYNAMEC) donne quelques orientations sur ses objectifs.

Qui est le Dr Philippe Ngandeu ?

Le Docteur Philippe Ngandeu est un médecin camerounais qui a fait ses études et sa formation en Allemagne. Après son doctorat en médecine, il a obtenu un diplôme en santé publique et un certificat d’études spéciales en sécurité santé au travail, ce qu’on appelle communément la médecine du travail. De retour au Cameroun, j’ai commencé à exercer à l’hôpital Laquintinie de Douala et depuis aujourd’hui une vingtaine d’années, je me suis mis en clientèle privée et j’ai ouvert une structure dénommée MEDICARE, une organisation qui s’occupe principalement de la gestion de la santé en entreprise, de l’économie de la santé et de la promotion du développement sanitaire. Je suis expert et membre de la commission nationale de santé et sécurité au travail. A ce jour au Cameroun, je cumule 24 années d’expérience et avant le Cameroun j’ai travaillé 4 ans en Allemagne.

Vous êtes le nouveau président du SYNAMEC, depuis le 16 mars 2024, date de la dernière assemblée générale extraordinaire du syndicat, qu’est-ce qui vous a motivé à vous hisser à ce titre ?

La décision ne date pas d’aujourd’hui, puisque je suis un syndicaliste convaincu. Je suis membre du SYNAMEC depuis plus de 20 ans. J’ai été secrétaire générale du SYNAMEC depuis 2013. La dernière Assemblée générale extraordinaire qui s’est tenue le 16 mars, j’ai été plébiscité comme nouveau président du SYNAMEC, à la suite du Dr Jules Ndjebet qui a été élu comme président de l’Assemblée générale de l’Ordre nationale des médecins du Cameroun (ONMC). C’est pour moi ici l’occasion de dire que le SYNAMEC qui est le syndicat le plus ancien des médecins au Cameroun, qui a donc plus de 30 années d’existence a été fondé à l’époque par le Dr Happi Jean Marie, ancien ministre de la Santé, et qui a connu comme président les Dr Tchatchoua Dr Ernestine Gwet Bell, Dr Guy Sandjon, Dr Jules Eboubou, Dr Jules Ndjebet et aujourd’hui moi-même. Donc c’est un syndicat qui a toujours contribué à fournir au monde médical des médecins qui ont brillé par les actions qu’ils ont posées pour développer la santé et l’environnement sanitaire camerounais.

Le SYNAMEC compte à ce jour combien de membres ?

Le SYNAMEC aujourd’hui compte entre 300 et 400 membres, difficile de dire le nombre exact, parce que comme tous les syndicats, il y a beaucoup de membres dormants qui se mobilisent principalement autour d’une cause en fonction du contexte. Ce syndicat a pour principal objectif de défendre les intérêts, moraux, matériels et professionnels de ses membres. Bien évidemment dans le respect de la législation et des institutions ; parce qu’un syndicat est une institution républicaine avant tout. Un syndicat est par conséquent actif de façon circonstancielle. Ce qui fait que c’est en général dans les situations conflictuelles, dans les situations difficiles que les syndicats se voient exister, que le syndicat se voit fonctionner et que là on sait reconnaître le bien-fondé d’une telle organisation.  Donc, il a plusieurs centaines de membres et c’est à l’occasion de certains évènements que l’on peut remarquer la pertinence de l’action syndicale.

Quel est votre leitmotiv en tant que président du SYNAMEC ?

En tant que Président du SYNAMEC compte tenu du contexte, aujourd’hui on a pour principal objectif de rassembler. Surtout après les turbulences de ces dernières années pour diverses raisons, il faut essayer de rassembler les médecins autour d’objectifs et d’idéaux communs afin de restaurer « le Médecin » dans ses prérogatives. Je pense que les médecins dans notre société camerounaise représentent une certaine élite, et ont par conséquent des responsabilités certaines.

Nous devons restaurer la confiance avec les populations qui à tort ou à raison a été sérieusement entamée au cours des dernières années. Il nous appartient aujourd’hui de tout mettre en œuvre pour résoudre cette problématique, afin de restaurer une atmosphère favorable à l’exercice de notre profession.

La troisième chose serait d’apporter notre modeste contribution à l’essor sanitaire de notre pays le Cameroun.  Je pense que le médecin reste un acteur principal, voire central de la santé, avec les différentes institutions telles que l’ONMC qui aujourd’hui a à sa tête une nouvelle équipe. Aux côtés du Ministère de la Santé Publique et d’autres démembrements ministériels nous entendons prendre part efficacement et utilement au développement de notre système sanitaire. Un exemple concret c’est la mise en place de la CSU, qui aujourd’hui interpelle aussi bien les pouvoirs publics que les soignants.

Quelles sont les stratégies que vous comptez mettre en place pour atteindre cet objectif de rassemblement ?

La stratégie d’abord c’est une stratégie d’écoute. Nous sommes à l’écoute des médecins, des confrères. Les Camerounais en général ont beaucoup de problèmes et les médecins ne sont pas exemptés de ces problématiques… Les médecins sont des Camerounais comme les autres, mais ils ont davantage de responsabilité, parce qu’ils ont la charge de préserver le bien le plus précieux de l’humanité : la vie. C’est une responsabilité énorme. Donc, nous serons à l’écoute de nos confrères et de nos consœurs et fixerons des objectifs qui suscitent un intérêt au sein de nos membres en apportant un début de solutions à leurs principales problématiques. Pour mobiliser, il faut tenir un discours qui répond de façon utile aux besoins des cibles que nous avons et c’est ce que nous entendons faire, j’espère que le temps nous donnera raison. Nous allons progressivement nous adresser aux consœurs et aux confrères et communiquer sur ce que nous entendons mener comme politique et je l’espère pouvoir glaner un nombre important de médecins qui vont se joindre à notre cause.

Quelle appréciation faites-vous du secteur de la médecine du travail au Cameroun ?

C’est un secteur au Cameroun qui est en plein essor. Quand je commençais, il y a 20 ans on était à l’état embryonnaire, on ne peut pas dire qu’aujourd’hui rien n’a été fait. C’est un essor qui a vu son envol par le simple fait que beaucoup de confrères et de consœurs se sont spécialisés dans le domaine lorsqu’il y a quelques années le Cameroun comptait encore très peu de spécialistes. Du chemin a été fait, mais il reste encore beaucoup à faire tant le chantier est énorme.

Quelle est la durée de votre mandat à la tête du SYNAMEC ?

La durée d’un mandat n’a aucune importance comparativement à la survie de notre Syndicat et surtout de ses idéaux. Indépendamment du nombre d’années ou de l’équipe dirigeante, le SYNAMEC doit contribuer par un dialogue constructif et par toutes les actions qu’il entreprendra, à promouvoir un environnement sanitaire favorable à l’épanouissement socioprofessionnel des Médecins au bénéfice des populations Camerounaises.

Propos recueillis par Ghislaine DEUDJUI

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