Vih /Sida-Tuberculose et Droit de l’Homme : Les facettes du mal

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Généralement présentées comme des maladies gémellaires, ces deux pathologies constituent à la fois un véritable problème de santé publique et de préoccupation sociale en rapport avec la stigmatisation et la violation des droits dont sont victimes les sujets malades.
La seule évocation des deux maladies que sont le Vih/Sida et la tuberculose suscite des réactions parfois inattendues auprès de nombreux malades. Le poids de la maladie, et surtout le regard de la société en direction des personnes malades, constituent en réalité un fardeau difficile à supporter. « Il y a huit ans je suis tombé très malade. Au début, j’avais cru que c’était un petit paludisme qui allait très vite passer. Sauf qu’après le traitement du palu, mon état de santé s’est encore plus dégradé. J’ai commencé à beaucoup tousser et à faire régulièrement de la fièvre. Une fois rendu à l’hôpital, on m’a fait des examens qui ont révélé que j’étais atteint à la fois du Vih/Sida et de la tuberculose. C’était pour moi le début de ma descente aux enfers car ma vie a radicalement changé depuis lors », raconte Cédric, ancien malade de la tuberculose et du Sida.
Si ce jeune camerounais de 36 ans a pu guérir de la tuberculose et ne fait plus de maladie liée au Sida, grâce à la prise régulière de ses antirétroviraux, ce dernier a dû faire face à bien nombre de difficultés allant de stigmatisation jusqu’à la violation de ses droits. « Il a été difficile pour ma famille de m’accepter avec ma maladie. J’étais régulièrement mis en quarantaine. Tout le monde m’évitait. Même à l’hôpital où j’allais régulièrement prendre mes médicaments contre la tuberculose, les infirmières me frustraient et me stigmatisaient comme si j’étais devenu un déchet de la société. Plus grave, mon patron m’avais licencié lorsqu’il avait eu vent de ce que j’avais le Vih. Il l’a fait en prétextant que je mettais la santé des autres employés en danger. J’ai pensé au suicide. Car malgré mon état de santé, il fallait affronter le rejet des autres. Jusqu’aujourd’hui mes droits sont bafoués par les personnes qui connaissent mon statut. Mon cousin m’a refusé un logement parce que j’ai le VIH», rapporte-il.
Maladies mal connues
En réalité, la situation de Cédric n’est malheureusement pas un cas isolé. Des témoignages des personnes malades du sida ou encore de la tuberculose vont dans le même sens. C’est à croire que la société demeure encore mal renseignée sur ces deux maladies. Pourtant, la mobilisation de la communauté internationale, notamment depuis la création du Fonds mondial en 2002, a permis d’accomplir d’immenses progrès contre les grandes pandémies, permettant de se rapprocher de l’objectif d’élimination d’ici 2030 (ODD3). Toutefois, le changement des comportements reste une lutte qui est loin de s’achever. La pauvreté, la faiblesse des systèmes de santé, les inégalités de genre, la stigmatisation et les violations des droits humains comptent parmi les principales causes des problèmes d’accès aux outils de prévention, de dépistage et de soin. Surtout que l’on sait que le VIH/sida est la première cause de mortalité des femmes de 15 à 44 ans dans le monde, et des adolescents en Afrique subsaharienne. La mortalité liée au sida a été divisée par 2 depuis 2005 mais le virus continue de tuer plus de 690 000 personnes par an.
Malgré une baisse de 37% des décès imputables à la tuberculose depuis 2000, l’épidémie fait partie des 10 premières causes de mortalité dans le monde et la première par voie infectieuse.
Eddy Armand Matchouako

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